Les choses n'allaient pas ces derniers temps. Dans la nature qui reprenait ses droits, rendant les expéditions en quête de nourriture plus difficile, comme dans ces cadavres qu'ils retrouvaient parfois alentour de leurs sorties. Seth avait été catégorique quand à la dernière victime qu'il avait découvert sur sa route, acceptant de les guider sur place. Tu n'es pas obligé de venir. Avait-elle annoncé à Jarod, alors qu'elle terminait de ranger à sa ceinture son épée improvisée dans un morceau de carlingue. Tucker est bruyant, mais il sait que je le donnerai à manger à Frances s'il à le malheur de chanter en extérieur. Tente la brune dans une vaine tentative d'humour, quoi que le sourire ne s'y prête pas. Et le regard du scaphandrier en dit long sur sa réponse, alors qu'elle secoue doucement la tête devant l'entêtement de son partenaire. Hm. Secouant doucement la tête avant de s'effacer pour laisser l'homme prendre place dans la jeep, faisant signe à Seth de les conduire en direction du lieu. Le trajet s'effectuant dans un silence de mort, avant d'enfin arriver à l'orée d'un village incendié. La fumée est blanche. Ca à été éteint récemment... fait remarquer la native en fronçant les sourcils, alors que Seth reprends.

Quand on est venus avec Gareth, il restait encore quelques braises ouais. Mais y'avait clairement plus rien d'utilisable avant l'incendie. annonce le brun non sans grimacer. La famille de Gareth vivait la, avant. Les soldats ont fait razzia avant d'évacuer les lieux pour le stade de Seattle. Le Centurylink. Le nom lui serre le coeur en songeant à cette première destination avortée, chassant le souvenir pour sortir la première de la voiture, en direction des premiers corps à sa portée. Bon, j'te cache pas qu'on s'est pas attardé hein, quand on à vu le massacre... souffle Seth en grimaçant, désignant l'état du premier corps devant lequel elle vient s'accroupir. Mais forcément avec le scalp... On s'est dit que ça t'parlerait, quoi. Ses yeux noirs se relevant pour jauger Seth en silence, lui laissant le temps de comprendre qu'il valait mieux se taire alors qu'elle observe les autres blessures.

Ca fait beaucoup de plaies pour une seule personne. Pourquoi mélanger écorchage, ou empalement et scalper ? Il était déjà mort. Le supposait-elle du moins, au vu du peu de sang présent. Sans doute à cause d'une balle dans la tête qu'ils pouvaient tous deviner sous la crasse du visage. Je ne comprends pas. Ce n'était pas le premier corps de ce genre qu'ils découvraient, après tout. Dans un périmètre relativement réduit, en prime. Ca s'apparente à des pratiques guerrières. Navajo, Comanche, Apaches... Mais les réserves ne sont pas à Seattle. Et ça ne fait aucun sens, que tout soit mélangé de la sorte. Non, définitivement, elle ne comprenait pas le but de ces corps à l'abandon. Se relevant en soupirant, avisant le reste de son équipe. A défaut de mieux, brûlons le corps. Qu'il ne reste pas là à pourrir...

La Dame reste silencieuse, écoutant d’une oreille distraite la conversation qui se profile devant elle, entre sa sœur de cœur et son partenaire, jadis un loup solitaire. Esquissant un rictus par réflexe alors que le commentaire premier de Jarod repose sur un grognement on ne peut plus familier pour la militaire. « Hmpf. » fait-il en effet en réponse à la Lakota, en l’adoubant d’un regard concerné, et volontaire à la fois. « Je ne viens pas parce que je suis obligé. » indique t-il sobrement, ses iris ambrés venant ensuite caresser avec curiosité le duo qui suit le couple de près, s’amusant de la réflexion de Nima. « Je paierai pour voir ça. » Mais ce n’est pas le sujet dans tous les cas, et son insistance silencieuse ne souffrira d’aucun refus. Hochant la tête donc, s’installant dans la jeep, sa longue épée posée sur les genoux à cette occasion, tandis que Frances se décale en interpellant le brun qui l’accompagne : « Tucker, avec moi. » Seth conduira les deux complices sur les lieux du crime, les deux amis le suivront de près. Et le trajet se profile d’ailleurs dans un silence de mort, du moins du côté d’O’Connell, peu propice à plaisanter alors qu’il est encore question d'une découverte macabre dans les environs.

Quand ils arrivent dans la zone indiquée, la guerrière observe le corps et Seth tour à tour. Avisant l’agacement de Jarod et Nihima quant au sous-entendu implicite du jeune homme, ce qui lui arrache un claquement de langue mécontent à son tour. Les réflexions du genre, il peut se les garder pour lui, et il ne lui faut pas longtemps pour le saisir. Pour sûr qu’à l’avenir, il tournera sa langue au moins sept fois dans sa bouche, avant de l’ouvrir. De son côté, O’Connell soupire. Venant malgré tout à rejoindre le mode de pensée très attardé de Seth, pour prévenir avec dépit : « Si l’un des nôtres pense que ça peut nous parler… » entame-t-elle, optant pour le pluriel bien trop naturellement. Non pas pour réduire la culture de la Lakota, bien au contraire, mais pour lui signifier qu’ils sont tous avec elle, quoi qu’il advienne, eux qui partagent la même manière de vivre et les us et coutumes de chacun, sans regret depuis qu'ils se sont trouvés. « Allez savoir ce que de parfaits étrangers à notre groupe peuvent tirer comme conclusion également. » La scierie n’est pas spécialement inconnue des survivants de la région. Le complice de Nima en est un parfait exemple : Parker les a rejoint en entendant parler d’eux, justement. Et celui-ci souffle aussi sans prononcer un seul mot, voyant où elle veut en venir.

Mais quoi rajouter à ça ? Pour le moment pas grand-chose. Frances écoute les réflexions de sa camarade en hochant la tête, avant d’opiner sur sa consigne. « Jarod et Tucker, vous avez de quoi vous occuper du corps ? » demande-t-elle, quoi que ce n’est pas vraiment une question. Les deux hommes peuvent s’entendre sur la tâche, tandis qu’elle se rapproche de sa sœur, lui frôlant le coude de deux doigts concentrés. « Hm. Peut-être est-ce simplement de l’acharnement gratuit. » sonde-t-elle, quoi que la Dame n’y croit pas spécialement. Dans tous les cas, ils manquent d’informations pour comprendre de quoi il en retourne réellement, aussi finit-elle par désigner l’environnement alentour : « Ouvrons l’œil. Cherchons s’il y a des traces de passage, ou des indices pouvant nous aiguiller sur ce qu’il s’est véritablement passé ici. » De toute manière, vu les corps qui s’accumulaient ces dernières semaines, ils finiraient bien par trouver de quoi les mener sur les pistes des responsables. C’est qu’ils n’avaient pas l’air de vouloir se cacher de leurs actes, visiblement.